La convention du mètre

C’est le calendrier révolutionnaire qui réunit sous le même millésime le décret de Convention nationale du 19 vendémiaire an III, instituant le Conservatoire national des arts et métiers, et la loi du 18 germinal an III “relative aux poids et mesures”,instaurant en France l’usage du Système métrique et de la division décimale des nombres.

Il fallut néanmoins près de cinquante ans pour que s’impose dans le tissu agricole, artisanal et préindustriel du pays l’usage des nouvelles unités de mesure, et un délai tout aussi long pour que la puissance publique confie officiellement au CNAM des responsabilités nationales dans le domaine de la métrologie.

Riche de près de deux siècles d’expérience et de travail scientifique en métrologie, l’établissement assure aujourd’hui encore l’exercice partagé de ces responsabilités nationales.

Un immense travail vient d être réalisé par nos illustres savants :

La création à partir de bases naturelles, le méridien terrestre et l’eau, du système métrique ” maintenant le plus difficile reste à faire, adopter l’usage des nouvelles unités.

De 1800 à 1840 il régna une grande confusion entre ” les anciens systèmes de mesures ” et le Système métrique. La perche valait un décamètre, la livre un kilogramme, la pinte un litre et tout cela en conservant la division décimale.

Sous Louis-philippe 1er, la loi du 4 juillet 1837 mit heureusement un terme à cette situation anormale en interdisant à partir du 1er janvier 1840, sous peine de sanctions sévères, l’ usage de tous les poids et mesures autres que ceux du Système métrique décimal.

C’est au milieu du 19ème siècle que commença à se manifester le besoin d un système décimal de poids et mesures lorsqu’on se trouva, à l’occasion de la première exposition universelle, Londres 1851, en présence de l’immense variété de produits envoyés de toutes les contrées du monde, et dont la valeur, ainsi que les quantités, étaient rapportées à toutes sortes d’étalons de mesure. Les expositions universelles suivantes, Londres 1862, Paris 1855 et 1867, confirmèrent et amplifièrent ce besoin.

En 1867 un ” Comité des poids et mesures et des monnaies ” se constitua et adopta entre autres propositions, la suivante ” Le Système métrique est parfaitement propre à être universellement adopté, en raison des principes scientifiques sur lesquels il est établi, de l’homogénéité qui règne dans toutes ces parties, de sa simplicité et de la facilité de ses applications dans les sciences, dans les arts, dans l’ industrie et le commerce ”

Les nations reconnaissaient ainsi tacitement au Système métrique le caractère d’un système universel des poids et mesures dont les unités de longueur et de masse avaient été matérialisées par le Mètre et le Kilogramme des archives de France.

L’obligation de ‘ adresser à la France pour avoir des copies exactes des étalons, cette dépendance risquait de compromettre l’unification souhaitée.

Une Commission du Mètre fut donc créée en 1870, prélude à l’internationalisation du Système métrique. Le 16 novembre 1869 le Gouvernement français envoyait aux Etats étrangers une invitation à se faire représenter à cette commission.

Vingt-six pays acceptèrent dont dix appartenaient au continent américain, Etats-Unis et Amérique latine. Après deux années de réunions, une quarantaine de résolutions furent prises concernant la confection des nouveaux prototypes métriques, leur comparaison aux étalons des Archives et la création d’un Bureau International des Poids et Mesures (BIPM) ayant son siège au Pavillon de Breteuil à Sèvres.

Une Convention du Mètre fut signée à partir du 20 mai 1875. Les premières ratifications eurent lieu au Château de Versailles.

La mission initiale du BIPM était d assurer l’établissement du Système métrique dans le monde entier par la construction et la conservation des nouveaux prototypes du mètre et du kilogramme, de leur comparer les étalons nationaux qui seraient fournis aux différents Etats et de perfectionner les procédés de mesure pour favoriser le progrès dans tous les domaines de la métrologie.

Aujourd’hui le travail scientifique courant du BIPM se répartit entre sept sujets principaux :

Masses
Echelle de temps
Etalons de longueur d onde et de fréquence de lasers
Electricité
Radiométrie et photométrie
Rayonnements ionisants
Chimie

De plus, il subsiste une activité relative aux étalons de mesure de température, de pression et d’humidité pour répondre aux besoins propres des laboratoires

Dans chacun des secteurs il y a généralement trois types principaux d’activité :

Etablissement et conservation d’étalons de référence possédant la meilleure stabilité à long terme
Organisation des comparaisons internationales, participation à ces comparaisons et vérifications d étalonnages
Travaux de recherche visant à améliorer les étalons de référence, les techniques de comparaison et les méthodes de mesure

Roger Pello